Au cours du Volet Pro organisé dans le cadre des Francos de Montréal, les habituels panels de discussions et autres échanges à propos de l’industrie ont eu lieu.
Les sujets de la gérance d’artistes, de l’intelligence artificielle et même de la santé auditive ont été abordés, et c’est ce dernier qui nous intéresse aujourd’hui. La rédaction de Franconnexion s’est alors rendue au Studio TD.
Les SMAQ (Les Scènes de Musique Alternative du Québec) travaillent depuis quelques mois sur un projet de sensibilisation auditive, qui viserait dans un premier temps la prévention et in fine la formation des professionnel.le.s de l’industrie.
À travers son réseau de membres et de salles, d’expert.e.s invité.e.s et d’études universitaires, l’objectif est d’informer sur la fragilité de nos oreilles et apprendre à les conserver, surtout si ces dernières constituent notre principal outil de travail.
De nombreuses études démontrent déjà l’impact que le métier de travailleur culturel (musicien.ne, technicien.ne, préposé.e.s à l’entretien et sécurité, photographes, barmaids…) a sur la santé auditive, et peut mener à une isolation sociale voire des problèmes de santé mentale si non pris en compte.
Le 14 juin se tenait une discussion concernant ce projet mais plus largement sur la santé auditive de tous.tes. Quatre intervenant.e.s ont échangé, grâce à l’animation d’Élise Jetté (Feu à Volonté/CISM) : Fred Everything de Lazy Days Recordings, Rachel Bouserhal, professeure aux multiples champs d’expertise, elle a mené un doctorat de recherche sur le traitement des signaux de parole et l’amélioration de la communication, et est spécialisée sur la question du son et de la santé auditive; notamment à travers des travaux qu’elle dirige ; Antoine Nadon (spécialiste de la conception d’œuvres audiovisuelles et directeur général de la compagnie Wolfstag) et Sébastien Gagnon, booker pour le Zaricot et fondateur de l’agence Àpart.
Ce qui est ressorti
La première chose qui est relevée, est que bon nombre de travailleur.euses souffre d’ores et déjà d’accouphènes récurrents, qui rappelons-le, indique qu’il est « déjà trop tard » pour nos fragiles oreilles. La plupart s’étonne également que la question ne soit pas plus abordée de manière générale, car on sait aussi que ces souffrances augmentent autant que les chocs auditifs (par exemple supérieur à 115dB et/ou cumulé aux cri de la foule). Après le constat vient le temps des solutions: existent-elles, comment les mettre en place ?
Ce qui ressort est que la priorité doit être mise sur l’éducation (impliquant la prévention sous toutes ses formes) et la formation. Antoine Nadon nous le rappelle : « il faut améliorer l’intelligibilité et la qualité pour pouvoir baisser un peu le volume ».
Rachel Bouserhal, nous éclaire sur le port de protections auditives qui est vivement conseillé, mais précise qu’il faut pouvoir investir dans du matériel de qualité et accessible qui n’amoindrisse pas notre capacité à entendre et comprendre notre environnement.
La réelle question qui vient clore ces discussions est la suivante : on sait à ce jour, de par les innombrables études menées à travers le globe, les témoignages et même les échantillons culturels (des films tels que Sound of Metal ou Sound of Noise) que la santé auditive est déjà une priorité, et que les prévisions montrent que le sujet deviendra rapidement une question de santé publique.
Quand les sphères de pouvoir agiront en alliance pour soutenir ces campagnes de prévention ? Le ministère de la Santé, du travail et de la culture, devraient se pencher sur la question, car les coûts et les conséquences liés à la perte auditive (arrêts de professions, santé mentale/isolation sociale, appareillage et suivi auditif) promettent de ne pas être moindres si l’on n’agit pas rapidement.
Légiférer, intégrer la prévention à la formation artistique, prévenir et aider à outiller le public, il faut pouvoir protéger notre audition.