Invité au Festival du livre de Paris, Mathieu Lacombe, le ministre de la Culture a convenu avec la ministre française de la Culture, Rashida Dati, de créer un comité mixte France-Québec sur la découvrabilité du français afin d’aider les œuvres numériques en français à être plus facilement repérable dans l’environnement numérique.
Ce groupe de travail, coprésidé par les deux ministres, aura notamment pour mandat de :
- mobiliser les membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) afin de protéger et de promouvoir la diversité linguistique des contenus culturels dans l’environnement numérique;
- poursuivre la mise en œuvre active de la Stratégie commune franco-québécoise sur la découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones;
- développer des actions communes sur la découvrabilité des contenus culturels francophones, l’intelligence artificielle et la sobriété numérique;
En créant ce comité, M. Lacombe espère que l’UNESCO modifie sa convention afin d’y inclure le numérique d’ici un an. Un groupe de travail de l’UNESCO se retrouvera d’ailleurs à Québec le 18 mai prochain pour réfléchir à l’application de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, à la veille du XIXe Sommet de l’OIF organisé par la France en octobre 2024.
À savoir qu’à ce jour, les comités mixtes France-Québec ont réalisé des actes concrets, dont l’adoption, d’abord par l’OIF, puis par l’UNESCO, de la Convention sur la diversité des expressions culturelles.
La réalité des choses
Le 31 janvier dernier, l’ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales du Québec, Louise Beaudoin, avait présenté au gouvernement un rapport intitulé La souverainteté culturelle du Québec à l’ère du numérique, rapport proposant 32 recommandations destinées à protéger et promouvoir les contenus d’expressions françaises sur le Web.
Le rapport démontrait une situation critique pour la culture québécoise, causée par l’économie numérique ainsi que l’omniprésence des grandes plateformes internationales de diffusion en continu qui exercent une pression sur les cultures locales.
Selon une étude publiée en 2022 par l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ), malgré les 23,9 milliards d’écoutes faites sur les services de diffusion en continu au Québec, seul 8% des écoutes reviennent aux œuvres interprétées par des artistes québécois.es. De plus, parmi les 10 000 pistes les plus écoutées, les enregistrements en français remportent 8,6% des écoutes comparativement aux enregistrements en anglais qui en remportent 85,7%.
Pour contrer cela, le gouvernement fédéral avait notamment lancé le projet de loi C-11, devenu la Loi sur la diffusion continue en ligne et adopté le 27 avril 2023, afin d’assujettir les plateformes de diffusion en continu à certaines obligation en ce qui concerne la création, la production et la mise en valeur de la musique, mais aussi des séries et films canadiens. Bien qu’un premier pas de la part du gouvernement fédéral, le Québec se doit également d’agir en adaptant ses lois et sa réglementation aux transformations numériques dans le domaine de la culture.