Moridja Kitenge-Banza, président et Emmanuelle Hébert, directrice générale de Culture Montréal, signent une lettre dans Le Devoir qui parle de l’importance de la culture pour Montréal. Elle dit que Culture Montréal s’engage depuis longtemps à rendre la culture importante dans la ville. La culture est vue comme quelque chose qui peut aider à résoudre les problèmes de la société. La lettre encourage à soutenir les artistes et à repenser comment on finance les festivals et les lieux culturels. Elle dit aussi que Culture Montréal aide à faire des règles pour la ville. La lettre demande à tout le monde de se mobiliser pour les discussions et les élections à venir, pour que Montréal continue à être une ville culturelle dynamique.
Voici la lettre en question :
Depuis vingt-deux ans, Culture Montréal se bat sur le terrain des idées pour ancrer la culture au coeur du développement de notre métropole. Vingt-deux années faites d’avancées significatives en matière de politique, de reculs, mais aussi d’éclaircies porteuses d’espoir.
Au moment où nos sociétés font face à des défis qui s’amplifient et où le secteur culturel vit une nouvelle fois de fortes turbulences, nous voulons rappeler l’importance vitale que revêt la culture, véritable antidote aux maux de notre existence et au dérèglement du monde.
La culture nous élève et nous lie. Elle participe à la construction de soi et à la formation de l’esprit critique, tout en étant un vecteur de rencontres. Elle nourrit ce besoin fondamental d’interaction sociale qui est au coeur de notre nature humaine. Elle nous fait prendre conscience de notre environnement et de sa fragilité. Elle rend possible la vie en collectivité. Elle est un extraordinaire levier de valorisation du français, conçu comme langue d’ouverture et de partage.
Nombreuses vertus territoriales
La culture a également de nombreuses vertus territoriales en favorisant la qualité des milieux de vie. Elle rend notre rue et notre quartier plus habitables. Elle réhumanise notre ville. Elle contribue au dynamisme économique en générant des retombées documentées pour les commerces locaux. Elle est l’une des conditions essentielles à la stimulation de notre centre-ville.
Se soucier de la culture, c’est d’abord prendre soin des artistes qui lui permettent d’exister. Les artistes doivent pouvoir vivre et créer dans la métropole. La stagnation du financement des trois conseils des arts, principaux instruments de soutien au coeur créatif, met en péril le statut de métropole culturelle de Montréal, c’est-à-dire ce qui la distingue fondamentalement.
Au moment où nos sociétés font face à des défis qui s’amplifient et où le secteur culturel vit une nouvelle fois de fortes turbulences, nous voulons rappeler l’importance vitale que revêt la culture, véritable antidote aux maux de notre existence et au dérèglement du monde
La participation citoyenne
Se soucier de la culture, c’est aussi soutenir la participation citoyenne. C’est réinventer le modèle financier des festivals qui, par leur offre foisonnante — gratuite pour certains —, façonnent l’identité même de Montréal. C’est investir dans le réseau des bibliothèques et des maisons de la culture, qui assurent un accès à la culture partout sur le territoire. C’est revigorer le loisir culturel et la pratique artistique amateur qui sont un moyen extraordinaire d’expression citoyenne.
Se soucier de la culture, c’est favoriser la mise en valeur de notre patrimoine en encourageant des projets mobilisateurs qui assurent la continuité de ce que nous sommes, car il n’y a pas d’identité sans histoire commune. C’est jeter un nouveau regard sur l’aménagement du territoire en dépassant les approches purement techniques pour se concentrer sur ce qui fait la personnalité et l’authenticité de notre métropole. C’est faire le pari de la culture pour revitaliser l’est de Montréal.
Se soucier de la culture, c’est se donner une vision pour notre métropole.
Cependant, il faut reconnaître que nos sociétés actuelles ont de plus en plus de difficulté à se projeter et à porter un projet d’avenir pour la culture : initiatives morcelées dépourvues d’orientations claires, opérations de rafistolage pour combler temporairement les brèches, décisions non concertées ne permettant pas à la culture de faire face aux nouvelles réalités, trop souvent le calcul vient se substituer à la vision.
Dans son nouveau plan stratégique rendu public lundi dernier, Culture Montréal réaffirme son rôle de laboratoire d’idées et d’influence sur les politiques publiques pour avoir la capacité de proposer de nouvelles idées. Au fil du temps, Culture Montréal a perfectionné ses outils de concertation, de réflexion et d’intervention dans le débat public.
L’organisation a été au coeur de nombreux dossiers majeurs, comme la mise en place de Rendez-vous Montréal, métropole culturelle ou la reconnaissance des ateliers d’artistes.
Aujourd’hui, forts de cette expertise, nous lançons un appel au milieu culturel : réinvestissons nos instances démocratiques.
Deux consultations majeures
Les deux prochaines années seront déterminantes avec deux consultations majeures — celle sur le futur Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 et celle sur la nouvelle Politique de développement culturel de la Ville — ainsi que trois élections : d’abord fédérale, puis municipale et finalement provinciale.
Il est essentiel que les acteurs de tous les secteurs qui oeuvrent au développement de notre métropole se joignent à cette mobilisation en vue de ces échéances cruciales.
Plus que jamais, il faut agir pour défendre notre culture et insuffler une vision ambitieuse à notre métropole culturelle.