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Écrit par 13 h 39 min À la une, Ressource

Lancement du rapport Les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone

Le 26 mai dernier, le réseau DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec organisait une conférence plénière pour discuter des mesures visant l’inclusion des femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone. L’évènement a permis à la chercheuse Joëlle Bissonnette (ESG-UQÀM) de présenter un survol de l’étude Les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone, un projet d’envergure pour lequel elle a interrogé 600 professionnelles de la musique, mené pour et avec la collaboration de la Fondation Musicaction.

Les objectifs

La conférence s’est ouverte par un mot de la directrice scientifique du réseau DIG!, Vanessa Blais-Tremblay. Cette dernière a rappelé les objectifs du rapport, qui étaient de relever les défis particuliers que rencontrent les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone pour ensuite trouver des solutions qui favoriseraient leur inclusion et leur épanouissement professionnel.

D’entrée de jeu, Joëlle Bissonnette a établi la pertinence de son projet; la chercheuse avait comme objectif d’interroger 200 femmes alors que 591 d’entre elles ont répondu à l’appel, une preuve tangible de la grande volonté des répondantes à voir le milieu musical évoluer.

L’objectif de l’étude était d’abord et avant tout de s’intéresser à la perception que les femmes ont de leur milieu. En d’autres mots, le but était de se concentrer sur les expériences des femmes sans les comparer à celles des hommes ou les étudier en parallèle de statistiques préalablement enregistrées.

Portrait des participantes

Les femmes qui ont répondu aux questionnaires venaient de partout aux pays et représentaient plusieurs tranches d’âges. Elles étaient pour la plupart très scolarisées et s’identifiaient comme provenant de divers groupes et communautés autochtones, de minorités visibles, LGBTQ2, et/ou en situation de handicap.

Les résultats en bref

L’étude a permis à Bissonnette de constater que « 57% des répondantes ne peuvent consacrer 100 % de leur temps et tirer 100 % de leurs revenus de leurs activités professionnelles dans l’industrie musicale canadienne francophone ». En effet, la majorité d’entre elles doivent oeuvrer dans d’autres secteurs pour des raisons financières ou par manque de travail. Bien qu’elles soient nombreuses à en avoir l’ambition, rares sont celles qui ont la chance de consacrer toute leur énergie à leur carrière musicale.

Environ 57% des répondantes ne peuvent consacrer 100 % de leur temps et tirer 100 % de leurs revenus de leurs activités professionnelles. Le manque de travail permanent est la principale raison indiquée par les répondantes de l’Ouest, de l’Ontario et par les musiciennes instrumentistes et/ou choristes.

En ce qui a trait à l’exercice du leadership, plusieurs répondantes mentionnent qu’elles doivent souvent porter plusieurs chapeaux. En plus des activités plus formelles comme siéger à des conseils d’administration, les répondantes ont mis en lumière de nombreuses activités moins reconnues, comme répondre aux questions de leurs pairs ou offrir du mentorat à la relève. Cela dit, Bissonnette souligne que ces activités, qui s’appuient sur des valeurs d’entraide et de solidarité, « participent à la satisfaction des répondantes quant à l’avancement de leur carrière ».

Plusieurs des femmes interrogées défendent que ces formes d’exercice du leadership, souvent effectuées bénévolement, gagneraient à être valorisées. Selon plusieurs d’entre elles, le mentorat est la méthode la plus appropriée pour la transmission des connaissances en gestion et en entrepreneuriat, mais celles qui en offrent se sentent limitées par le caractère bénévole de cette activité. Elles suggèrent que formaliser ce mentorat et le rémunérer faciliteraient la passation des connaissances. On allégerait ainsi leur charge mentale et on permettrait à tout leur potentiel en matière d’échanges et de structuration de l’industrie de se déployer.

Plusieurs répondantes ont dénoncé la culture du travail dans le milieu de la musique. La délégation ou la séparation des tâches aiderait à éviter l’épuisement professionnel et profiterait à un plus grand nombre de travailleuses.

Vu les formes multiples que peuvent prendre le « travail invisible » des femmes et le manque de reconnaissance auquel elles font face pour l’exercice de ces tâches, ces dernières rencontrent des difficultés à obtenir les compensations nécessaires. La plupart du temps, ce travail demeure non rémunéré malgré le fait qu’il soit essentiel. La notion de « travail » en elle-même gagnerait donc à être redéfinie. Élargir la définition de ce mot permettrait à plusieurs femmes du milieu de bénéficier d’un meilleur salaire, de consacrer plus de temps à leur carrière en musique, et de s’épanouir pleinement dans leur travail.

Consultez Les femmes dans l’industrie musicale canadienne, version abrégée du rapport d’étude de Joëlle Bissonnette.

Visitez le site du réseau DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec pour en apprendre davantage sur leurs projets en cours.