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Écrit par 15 h 00 min Financement et Organismes publics

Le futur des programmes Musicaction

Financez vos vidéoclip avec le nouveau programme de Musicaction

24 janvier 2019, Jon Weisz – franconnexion.info

  

Le 30 octobre dernier, Musicaction a annoncé un nouveau programme pour financer les vidéoclips venant de projets francophones québécois et canadiens. Je me suis entretenu avec Anne-Karine Tremblay et Claude Von Deschwanden de chez Musicaction afin d’avoir plus d’informations par rapport à sa création et comment les fonds seront distribués.

La première inscription en fin 2018 a financé 31 projets à 100 % – la liste des récipiendaires est disponible ici.

La prochaine inscription est le 28 janvier 2019. Tous les détails sont ici

Voici un extrait de mon entretien avec Musicaction.

Franconnexion.info : Bonjour Anne-Karine et Claude. Merci d’avoir pris le temps de vous entretenir avec moi. Le programme a été dévoilé le 30 octobre, moins de deux mois après que la Canadian Radio-Television and Telecommunications Commission (CRTC) vous ait confié cette enveloppe, qui est répartie sur quatre ans, n’est-ce pas?

Musicaction : En effet, ça représente un million de dollars par année pour les quatre prochaines années.

Franconnexion.info : Le programme est ouvert à toutes les entreprises peu importe si elles ont accès au programme Volet des entrepreneurs de la musique (VEM)?

Musicaction : Absolument. Toutes les entreprises et artistes peuvent déposer une demande dès qu’ils ont un contrat de distribution avec un distributeur reconnu.

Franconnexion.info : Qu’est-ce qui a mené à la création de ce programme? Quelle est la vision derrière?

Musicaction : Pour bien vous situer, il faut comprendre que pendant une vingtaine d’année, il y avait le programme MaxFact géré par Remstar qui offrait environ un million de dollars par année à l’industrie musicale pour la production de vidéoclips. Les télédiffuseurs étaient tenus de verser une contribution dans un fond de développement de contenu. Le fond a été arrêté depuis deux ans, ce qui a fait très mal à notre secteur. Le fond Radiostar – qui est également géré par Musicaction – a ensuite pris en charge l’année dernière, une mesure ponctuelle pour venir en aide à l’industrie musicale pour la production des vidéoclip, pour éviter qu’il y ait un creux. Pendant ce temps-là, plusieurs intervenants dont l’ADISQ, ont fait des représentations auprès du CRTC pour faire valoir que cette perte était très endommageante pour l’industrie de la musique. Ils ont donc réussi à avoir une décision en août du CRTC qui rétablissait ces fonds-là en exigeant aux grandes groupes de télédiffusion de propriété privée à recommencer à verser un montant pour le développement de contenu. Ils ont nommé comme bénéficiaires de ces fonds pour les quatre prochaines années Musicaction au Québec et FACTOR dans le reste du Canada. FACTOR reçoit environ quatre à cinq millions et nous un million de dollars sur les quatre prochaines années. Donc c’est un rétablissement des sommes qui ont toujours été là pour les vidéoclips grâce à tout le travail de fond que l’ADISQ a fait.

Franconnexion.info : Donc ce programme vient du fait que l’industrie a émis le besoin de rétablir ces fonds?

Musicaction : Bien sur. MaxFact offrait sensiblement la même chose – 15 000 $ par projet couvrant 100 % des dépenses éligibles. Musicaction et Fond Radiostar ont toujours inclus la production d’image comme dépense éligible en commercialisation nationale, mais ce n’était pas financé à 100 %, sauf la mesure ponctuelle qu’on a mis l’année passée pour compenser la perte de MaxFact.  Cette mesure n’était toutefois pas ouverte aux entreprises VEM tandis qu’avec MaxFact tout le monde y avait droit. Le vidéoclip est maintenant complètement à part de nos programmes réguliers de nouvelles oeuvres musicales. C’est pour ça que les entreprises VEM peuvent être bénéficiaire à ces fonds-là au même titre que n’importe quelle entreprise.

Franconnexion.info : Comment est-ce que le programme a été mis en marché?

Musicaction : La décision du CRTC est tombé le 28 août. Nous avons eu un conseil d’administration dix jours après avec le but de monter une comité de révision de projet pour pouvoir offrir de l’argent dans l’année financière actuelle, qui termine le 31 mars. On voulait se dépêcher dans nos démarches pour pouvoir donner l’argent à l’industrie au plus vite possible. Notre enveloppe comprend deux inscriptions pendant cette première année. Nous avons sorti une première inscription le plus rapidement possible et on s’est engagé pour environ 440 000 $. Il y a une deuxième le 28 janvier. À partir de l’année fiscale prochaine, on aura trois inscriptions par année. Ça va se régulariser et les gens vont apprendre à mieux connaître le programme.

Franconnexion.info : Est-ce qu’il y a une préférence pour des artistes déjà financés en production d’un album ou signés chez des compagnies VEM?

Musicaction : Pas du tout.

Franconnexion.info : Est-ce que c’est basé sur les critères dans les lignes directrices?

Musicaction : Absolument, c’est indépendant des autres programmes. Tout le monde peut appliquer du moment qu’on répond aux critères d’admissibilité. Cela inclut les artistes indépendants. Nous avons aussi un engagement envers les artistes de la francophonie canadienne qui sont souvent autoproduits ; il n’y a aucune barrière pour eux de venir faire financer un clip. Au contraire – il y a une attention particulière portée pour les artistes de la francophonie canadienne. C’est vraiment ouvert à tout le monde et on remet le compteur à zéro pour chaque vidéoclip – c’est ça qui est vraiment intéressant.

Franconnexion.info : Qui fait l’évaluation des demandes?

Musicaction : C’est un processus compétitif avec une grille d’évaluation remplie par des analystes à l’interne. Les résultats sont revus par deux vérificateurs avant confirmation. Le tout se passe à l’interne ; il n’y a pas de jury externe. On ne juge ni la valeur de la chanson ni la qualité du synopsis du clip. On regarde les critères les plus objectifs possible : Si la demande est bien détaillée, si le projet est géré par une équipe solide, si le budget fait du sens. Que la chanson soit bonne ou pas, ne figure pas là-dedans. Les traitements sont courts – trois à quatre semaines.

Franconnexion.info : Parmi les critères d’évaluation définies dans les lignes directrices, j’imagine qu’il y a un pourcentage attribué à chacun?

Musicaction : Oui, mais pour tous nos programmes, la grille d’évaluation reste confidentielle. Les six points notés dans les lignes directrices du programme font tous partie de l’évaluation. Ils s’agit de l’agrément professionnel de l’artiste, le positionnement de l’artiste et son projet, le traitement vidéo, la stratégie promotionnelle, le réalisme budgétaire puis si on vient d’une région et d’une communauté francophone en situation minoritaire – on porte une attention particulière et une bonification pour s’assurer que ces communautés seront desservies. Ca fait partie de la décision de la CRTC de toucher ces régions. Ils nous ont désignés comme bénéficiaires de ces fonds-là en sachant que nous avons une mission pancanadienne.

Franconnexion.info : Donc, il n’y a pas de points qui sont plus importants que d’autres.

Musicaction : Non, c’est un ensemble de tout. Tout est important, sinon on le mettrait pas dans les lignes directrices!

Franconnexion.info : La bourse offre jusqu’à 15 000 $ couvrant jusqu’à 100 % des dépenses éligibles. Est-ce que le but est de financer sélectivement moins de projets à 100 % ou de financer le plus de projets possibles, même si ça entrave la coupure de certaines dépenses?

Musicaction : Les projets qui ont demandé 15 000 $ et qui étaient justifiés dans leurs budgets ont eu leurs 15 000 $. Il n’y a pas eu de coupures à part si c’est des dépenses inéligibles ou qui ne font pas de sens. Notre priorité est de financer les meilleurs projets le plus complètement possible. On a eu une soixantaine de demandes, dont quelques-unes inéligibles. Les demandes doivent être complètes parce qu’on en reçoit beaucoup! Finalement, on a traité peut-être 44 ou 45 demandes sur la soixantaine pour une trentaine d’acceptations.

Franconnexion.info : C’est quand même un bon taux d’acceptation! Donc, c’est plutôt l’argument commercial qui est évalué?

Musicaction : C’est la grosse différence avec le fond MaxFact. Quand ça existait, il y avait un jury qui se rencontrait pour décider quelles chansons avaient une chance de tourner et d’avoir un buzz mais nous ne regardons pas ça.

Franconnexion.info : Risque-t-il d’y avoir d’autres changements aux programmes Musicaction en 2019?

Musicaction : On est toujours en mode modification ; l’adaptabilité est une de nos valeurs de base. Notre conseil d’administration a un comité de révision des programmes qui se rencontre deux ou trois fois par année. Les gros changements ont toujours eu lieu autour du 1er mars parce que notre année financière commence le 1er avril. Un mois avant la nouvelle année, on lance les modifications et les nouveaux programmes qui vont entrer en vigueur le 1er avril. Notre processus est commencé et on a d’autres réunions qui s’en viennent cet hiver. C’est un cycle qui est là depuis toujours. Mais, quand même en cours d’année ça nous arrive d’apporter des modifications. On est très adaptable – c’est une force de la Fondation. On est une petite équipe qui a une grande interaction avec les demandeurs, la clientèle et la communauté artistique.

Franconnexion.info : Les différences entre vous et les autres bailleurs de fonds se voient bien.

Musicaction : En fait, on n’est pas publique. On est un OSBL, un gestionnaire culturel de différents fonds.

Franconnexion.info : Est-ce qu’il y a des changements spécifiques qui s’en viennent dans vos programmes qui prennent en compte les nouveaux modèles d’affaire, par exemple autour du changement numérique?

Musicaction : Le Fond de la Musique du Canada est là depuis plusieurs décennies et est maintenant en modernisation. Musicaction rentre en collecte de données auprès des nos centaines de clients pour revoir les accès à nos programmes. On revoit ça aussi dans l’optique ou le ministère revoit ça pour son programme du VEM – on va tout bouger la machine, tout le monde ensemble. Côté numérique, le programme de développement des marchés numériques est arrivé il y a huit ans en même temps que le développement des marchés internationaux. Ça a servi beaucoup la communauté dans les volets collectifs. On verra avec la modernisation du fond si ces volets-là vont demeurer.