Spotify, la plateforme la plus populaire de diffusion audio en continu, a annoncé mardi qu’une modification à son mode de rémunération des artistes aurait lieu dans la prochaine année. La plateforme introduira, entre autres, un nombre minimum d’écoutes pour ouvrir le droit à une rémunération.
Le système de rémunération de Spotify va évoluer pour répondre régler trois problématiques : le streaming artificiel, les paiements perdus dans le système et qui ne parviennent pas aux artistes, et les « bruits » non musicaux tels que les bruits de vague ou de statique sur la plateforme, qui peuvent être utilisés à des fins d’exploitation monétaire.
Le streaming artificiel
Spotify investit dans la détection, la prévention et la suppression de l’impact des redevances du streaming artificiel. Pourtant, certain.es continuent de tenter de voler de l’argent des redevances qui devrait être versé à des artistes.
À titre de nouveau moyen de dissuasion, à partir du début de l’année prochaine, Spotify commencera à facturer les labels et les distributeur.trices par titre lorsqu’un streaming artificiel flagrant est détecté sur leur contenu.
Les paiements perdus
Aujourd’hui, Spotify héberge plus de 100 millions de titres. Des dizaines de millions d’entre eux ont été diffusés entre 1 et 1 000 fois au cours de la dernière année et, en moyenne, ces morceaux ont généré 0,03 $ par mois.
Étant donné que les labels et les distributeur.trices exigent un montant minimum pour retirer (généralement entre 2 et 50 dollars par retrait) et que les banques facturent des frais pour la transaction (généralement entre 1 et 20 dollars par retrait), cet argent ne parvient souvent pas aux ayants droits. Et ces petits paiements sont souvent oubliés.
Ces paiements négligés totalisent 40 millions de dollars par an, ce qui pourrait au contraire augmenter les paiements versés aux artistes qui dépendent le plus des revenus du streaming.
À partir de début 2024, les titres doivent avoir atteint au moins 1 000 écoutes au cours des 12 mois précédents pour générer des redevances enregistrées.
Spotify assure qu’il ne gagnera pas d’argent supplémentaire avec ce modèle. Il n’y a apparemment aucun changement dans la taille du « pool » de redevances musicales versées aux titulaires de droits par Spotify : l’application utilisera les dizaines de millions de dollars annuels pour augmenter les paiements à toutes les pistes éligibles, plutôt que de les répartir en paiements de 0,03 $.
Les « bruits » non musicaux
Les genres « fonctionnels » sont devenus populaires: comme le bruit statique, les sons de baleines, les bruits de vagues, etc. Les auditeur.trices diffusent souvent ces genres fonctionnels pendant des heures en arrière-plan, ce qui est parfois exploité par des personnes aux mauvaises intentions qui coupent artificiellement leurs morceaux – sans aucun mérite artistique – afin de maximiser les flux porteurs de redevances.
Par exemple, une chanson typique dure quelques minutes. Certain.es mauvais.es acteur.trices raccourcissent les pistes sonores des baleines à 30 secondes et les empilent consécutivement dans une liste de lecture sans que les auditeurs ne s’en aperçoivent, afin de gagner des revenus plus importants.
Au-delà de la longueur des pistes, les enregistrements sonores sont valorisés au même titre que les enregistrements musicaux. La croissance massive du « pool » de redevances a créé une opportunité de revenus pour les personnes qui publient ces sons, bien au-delà de leur contribution aux auditeur.trices.
À partir de l’année prochaine, Spotify augmentera la durée minimale des enregistrements de bruit fonctionnel à deux minutes afin de pouvoir générer des redevances. Les genres fonctionnels incluront le bruit blanc, les sons de la nature, les bruits de machines, les effets sonores, l’ASMR non parlé et les enregistrements de silence.
De plus, au cours des prochains mois, Spotify travaillera avec les concédant.es de licence pour valoriser ces streams à une fraction de la valeur des streams musicaux.