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Écrit par 20 h 32 min À la une, Financement et Organismes publics, Tournées et spectacles

Retour sur les BIS de Nantes

Coup de mou de l’autre côté de l’océan : la difficile reprise culturelle post-Covid se fait également ressentir en France 

Rassemblement bien connu du secteur, les Biennales Internationales du Spectacle ont accueilli cette année plus de 15 000 professionnel.le.s dans le but de se rencontrer, échanger, mais également assister à des vitrines.

Mais, le bilan que l’on dresse depuis bientôt deux ans au sein de la Belle Province semble être une tendance mondiale : de l’autre côté de l’Atlantique, l’industrie musicale est aussi en crise profonde.

« Le spectacle vivant est face à une crise d’une ampleur sans précédent. La période du Covid n’était qu’un galop d’essai. La crise est désormais multifactorielle. » note Nicolas Marc, directeur et fondateur des Biennales internationales du spectacle (BIS).

Les retrouvailles semblent donc quelque peu amères, alourdies par le bilan de crise auquel nul ne semble échapper. C’est l‘aspect multifactoriel de la crise qui semble le plus inquiéter le secteur, notamment avec l’inflation en hausse, la baisse de moyens chez les consommateur.trice.s des arts de la scène, mais aussi et surtout la précarisation massive de nombreux.euses artistes dont la carrière n’avait pas encore été durabilisée.

Le message est passé : il faut plus de culture, mais surtout il ne faut pas la perdre ni lui retirer ce qui la fait subsister. Comment montrer au monde ou aux payeurs que la consommation de culture est aussi importante qu’avoir une activité sportive..?

C’est ce qu’ajoute Christopher Miles le directeur général de la création artistique au ministère de la Culture : « La culture soigne, relie, il faudrait dans l’avenir des ordonnances de culture comme il y a désormais du sport sur ordonnance. […] Le défi majeur est de mieux produire, pour mieux diffuser […] ».

Mais, cet événement international a également su offrir une insufflation d’espoir quant à la diversité de notre secteur, notamment concernant la mise en valeur des artistes autochtones.


Julien, agent d’artistes chez Pasa Musik, nous confie son expérience alors qu’il accompagnait l’artiste Shauit pour une vitrine.

Julien : « Il y avait la délégation québécoise avec Musicaction, la SODEC… Il y avait des agences comme Pasa Musik, Ruel Tourneur aussi. C’était intéressant de voir comment se fait le rayonnement de l’industrie du Québec en Europe. C’était super et très novateur d’avoir une vitrine autochtone aux BIS, d’ailleurs Shauit devrait être de retour à Nantes en octobre pour un show sur l’île de Nantes.

C’est aussi la première fois qu’un studio autochtone, en l’occurrence Makusham (studio et agence fondés par Florent Vollant dont est issu l’artiste Shauit et d’autres de chez Pasa). Un long travail de collaboration commence, mais aussi d’éducation : on débute tout juste la conversation sur le dossier autochtone qui est largement inconnu en France, il y a du chemin à faire de ce côté. »


Jon Wiesz, fondateur des SMAQ qui se trouvait également aux BIS ajoute que :

« Le marché Français étant environ dix fois plus grand que le marché québécois on y constate tout de même des problèmes importants en termes de consommation de produits culturels et de rentabilité pour les artistes. Dans notre petit marché québécois et la francophonie canadienne, il faudra travailler fort pour ne pas perdre tout ce qu’on a bâti au fil des décennies. » 

On retient que le financement doit continuer d’arriver si l’on ne veut pas voir tout cela tomber, en France comme au Québec.

Pas seuls donc face à ce brouillard où repose l’avenir du secteur, l’heure est à la sauvegarde, à la régulation et à la prise de conscience rapide du côté des sphères dirigeantes.