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Écrit par 5 h 00 min À la une, Éditorial, Financement et Organismes publics

Nous devons encourager et favoriser la découverte de musique locale

Musique bleue est un mouvement de solidarité qui encourage à écouter et soutenir la musique québécoise — musique francophone, autochtone, anglophone, allophone, instrumentale et franco-canadienne. Cet éditorial fut rédigé par un de ses bénévoles, Marc-Étienne Mongrain.

Depuis maintenant plus d’une décennie, l’industrie de la musique locale est en déroute. Les revenus sont à la baisse, les plateformes de diffusions qui donnaient une place aux musiques spécialisées ont disparu (Bande à part, Radio classique, etc.), les radios communautaires vivotent et les médias qui mettaient de l’avant autre chose que les vedettes du TOP 40 ( Voir, Ici, Hour, etc.) sont morts un à un. Présentement, une des meilleures façons pour beaucoup d’artistes d’obtenir des revenus tirés de la diffusion de leurs œuvres, c’est de jouer sur une radio satellite aux États-Unis.

Chez Musique bleue, nous nous sommes penchés sur la sous-représentation des femmes, des minorités et de la diversité musicale sur les ondes des radios commerciales.  Après plusieurs mois de recherche nous avons été à même de constater, statistiques à l’appui, que sur les ondes des quatre grandes stations musicales de la province il y a en moyenne 17% d’interprètes féminines au sein de leurs programmations francophones (Ckoi 16%, Énergie 6%, Rythme Fm 24% et Rouge 25%), que les interprètes des peuples autochtones y sont virtuellement absents et que les minorités visibles y sont sous-représentées, peut-être plus encore que chez tous les autres diffuseurs de contenu québécois.

Nous avons aussi pu mettre en lumière qu’outre la pop, le rock, le folk et la ballade, on ne retrouve dans la programmation de ces stations, aucune musique un tant soit peu innovante, spécialisée ou dans la marge et ce peu importe les plages horaires. Il n’y a aucune volonté de la part des ces diffuseurs de faire partie à part entière de l’écosystème musical local même s’ils utilisent les ondes qui appartiennent aux citoyens et citoyennes et bénéficient de fonds publics pour financer leurs opérations, ne serait-ce que grâce aux revenus gigantesques qu’ils retirent des publicités des différents paliers de gouvernement et de toute l’aide financière reçue pendant les deux premières années de la pandémie. À elle seule, Bell Média, propriétaire d’Énergie et Rythme FM, a reçu 122 millions.

Nous avons produit un mémoire, déposé au CRTC, dans le cadre du renouvellement des licences de Bell Média et Cogeco. Nous avons questionné les radios pour tenter d’ouvrir le dialogue et de comprendre pourquoi la situation est telle qu’elle l’est. Tous nos questionnements, tant au niveau du CRTC, qui selon sa mission doit pourtant s’assurer que les détenteurs des licences qu’il émet, « ont le devoir de représenter le rôle de la femme tel qu’il est dans la réalité », que chez les diffuseurs, sont demeurés sans réponse et l’ADISQ est demeurée coite.

Devant un tel manque de vision des diffuseurs et face à l’à-plat-ventrisme des institutions, nous en sommes venus à croire que le seul moyen efficace pour assurer la pérennité de la diversité de la production musicale québécoise est la création d’une plateforme de diffusion provinciale. Pour les fins de ce texte, nous la nommerons Radio-Québec.

L’idée dernière Radio-Québec c’est de nationaliser une station de radio communautaire qui en arrache (Ex.: CIBL, au cœur du quartier des spectacles) pour en faire une station de radio et une plateforme web musicale nationale dédiée à la musique québécoise sous toutes ses formes. Que cette radio devienne un des fleurons de la relance post-Covid. Qu’elle serve de plateforme de diffusion et de mise en valeur à toute la diversité de la culture musicale de la province. Qu’il y ait un endroit où les œuvres créées à l’aide de fonds publics ou non trouvent une vitrine pérenne. Qu’on donne un lieu de rencontre musicale aux Québécoises et aux Québécois. Comment faire pour s’assurer d’une diversité qui représente la société québécoise? C’est simple! On s’appuie sur les plus récentes données démographiques.

On y retrouve du contenu qui reflète les tendances et les nouveautés du moment, mais aussi du contenu spécialisé dans certains styles plus pointus ainsi que du contenu à saveur historique afin de garder vivant le patrimoine musical québécois. Des performances, des podcasts, des entrevues de fond, des documentaires audios, des œuvres commentées par leurs créateurs, etc…

On peut aussi bien y diffuser un concert de l’OSM à la Maison Symphonique que celui d’un groupe hip-hop au Club Soda ou un événement historique comme 1×5. Ginette Reno, Michel Rivard, Dead Obies, Patrick Watson, Mara Tremblay ou Klô Pelgag fêtent la parution d’un album important? Consacrons-leur une journée!

Le gala de l’ADISQ approche? Profitons de l’occasion pour diffuser la musique de TOUS les nommés!

Une émission sur le métal ou le jazz québécois à 2am qui sera reprise en podcast sur le web? Pourquoi pas?

De l’électro dansant québécois le samedi soir et de la musique classique québécoise le dimanche matin. Certainement!

Et puis, le dimanche en fin d’après-midi, on diffuse un album complet, que ce soit une nouveauté ou un classique.

On y prend aussi le temps de mettre en valeur la musique des communautés minoritaires hors Québec.

Les diffuseurs comme Radio-Canada, TVA et Télé-Québec ont déjà des milliers d’heures d’archives musicales qui pourraient y trouver une deuxième vie…

Les Beatles n’ont écrit que 213 chansons et des chaînes entières leur sont consacrées. La musique québécoise est assez variée et assez riche pour alimenter une plateforme dont elle serait la matière première.

Qui est le public cible? Les Québécois.

Marc-Étienne Mongrain, bénévole, Musique bleue

Vous aimeriez encourager et suivre les activités de Musique bleue? Visitez leur site web ou consultez leurs playlists Spotify pour découvrir de nouveaux artistes!