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Écrit par 19 h 58 min À la une, Articles, Financement et Organismes publics

Partage, un mot que les GAFAM ne connaissent pas.

Le dernier rapport de la CISAC (La Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs) sur la collecte des droits d’auteur nous apprend une augmentation de 29% des revenus du numérique à l’échelle mondiale en 2018. Un bond attribuable à la popularité croissante des plateformes de « Streaming ». Une augmentation significative sur papier, mais qui se traduit par un maigre retour de 54$ en moyenne par créateur canadien.

La tombée du rapport réalisé par la CISAC arrive tout juste après la déclaration-choc de l’artiste Pierre Lapointe au gala de l’ADISQ au Québec. Pour remettre en contexte, l’auteur-compositeur-interprète critiquait le système de redistribution mis en place par le géant Spotify. « Pour un million d’écoutes de ma chanson, Je déteste ma vie dont j’ai écrit les paroles et la musique, j’ai touché 500 $ ». Si cette sortie n’est pas la première, elle est toutefois importante puisqu’elle met le doigt sur un problème plus que préoccupant.

Dans l’étude menée par la CISAC nous pouvons lire qu’entre 2014 et 2018 c’est 10% de plus qui ont été collecté à partir du numérique. Un chiffre encourageant, mais qui ne démontre pas une amélioration. Puisque les revenus ne proviennent pas d’une meilleure redistribution des droits d’auteur par les géants du web. Les revenus de ce secteur ont augmenté en raison des changements dans notre mode de consommation. La culture est davantage consommée sur le web au détriment de la radio, de la télévision et des spectacles.

De passage à l’émission RDI économie sur les ondes de Radio-Canada, Suzanne Lortie, professeure à l’École des médias de l’UQÀM, nous explique comment fonctionne les redevances chez Spotify. « Les écoutes sur l’ensemble de l’application sont additionnées. Par la suite, une partie de l’argent des abonnements est redistribué par artistes selon le prorata des écoutes totales de la plateforme. L’écoute n’a donc pas toujours la même valeur, elle varie en fonction de l’achalandage et des abonnements. »

Dans un contexte où sur une même plateforme, vous retrouvez des artistes comme Drake qui génère des millions d’écoutes au quotidien, le modèle de redistribution n’est pas adapté et l’on peut comprendre les artistes comme Lapointe de se sentir lésés.

De son bord, la SOCAN est également critique vis-à-vis les chiffres présentés dans le dernier rapport de la CISAC. Si elle reconnait une augmentation de 8% par rapport à l’an passé sur la collecte des droits d’auteurs, elle réitère que les géants du web « génèrent une immense valeur sur le dos des créateurs et éditeurs de musique ».

Les géants du web ne sont toutefois pas les seuls à blâmer. Depuis plusieurs années, les différents partis au gouvernement fédéral refusent de taxer les géants du web. Si les cris à l’aide de l’industrie ne se faisaient pas entendre, les choses pourraient changer d’ici avril 2020. En effet, le gouvernement Trudeau promet d’imposer une taxe de 3% aux « majors » de l’internet. Un montant qui pourrait être par la suite réinvesti aux créateurs canadiens.

Pour le moment, Spotify termine un troisième trimestre toujours en hausse avec un bénéfice net de 267 millions de dollars américains. Une augmentation de 219 millions en comparaison à l’an passé pour la même période.

cisac.org