Rédigé par Inès Sayoud et Anthony Aka-Anghui, avec la participation de Marie Desmeules-Caron
Animés par les retrouvailles du secteur, accompagné d’une programmation béton et d’un Volet Pro bien rempli; nous sommes ravis de présenter notre esquisse de journal de bord pour le festival Phoque OFF qui s’est déroulé du 10 au 18 février à la Capitale Nationale.
Pour ce retour sur événement, nous vous proposons d’explorer les différents types d’activités auxquelles les professionnel.les et artistes étaient conviés, jour après jour. Le but étant de donner une idée des questionnements et enjeux actuels les plus pertinents, et sous quelle forme ces derniers ont été abordés.
Les messes basses:
- État des lieux de diffusion des réseaux locaux et internationaux
Avec Émilie Rioux de CHYZ FM, Yann Olivier de La Barbe, Emilie Dehez de Live Nation Belgique et Jon Weisz fondateur des SMAQ, IMTL et Franconnexion.
Si les aides gouvernementales ne soutiennent pas les salles indépendantes, cela jouera en défaveur de la mise en avant des artistes de la relève. À ce sujet, certain.e.s artistes émergents n’arrivent pas à faire valider leur programme de tournée car certaines salles dites « émergentes » ne sont pas admissibles à certaines aides gouvernementales, de par leur nature pluridisciplinaire ou leur jauge par exemple.
La découvrabilité d’artistes émergent.e.s et de la province ne doit pas dépendre uniquement des salles de spectacles/diffuseurs. Il est vrai que plusieurs salles indépendantes et souvent pluridisciplinaires prennent un plus gros risque financier à ouvrir leur salle si le spectacle venait à ne pas être rentable. On omet souvent les coûts de production et les coûts fixes très élevés des grandes salles, qui ne peuvent donc se priver de rentabilité, comme rappelé par Émilie de Live Nation. Pour certaines salles en région, avoir un élu municipal dans son CA permet de faire prendre conscience des situations économiques des lieux de diffusion et d’augmenter l’aide publique octroyée.
- La valeur réelle d’un projet artistique
Animée par Patrick Labbé, directeur général de la Centrale Alternative et co-fondateur du Phoque OFF
Cette messe basse avait pour objectif mettre l’accent sur les bons coups et astuces pour mettre en lumière un projet artistique.
Malgré la mainmise des plateformes de streaming sur notre consommation actuelle de musique, on constate que bon nombre d’artistes, notamment des émergents, chiffrent un succès sur leurs écoutes et leur présence web en minimisant l’usage des réseaux traditionnels de diffusion. Par exemple, grâce à la pandémie, certains artistes ont pu voir leur projet rencontrer des statistiques d’écoute prometteuses, les éloignant cependant de la réalité et de la difficulté de la musique live. Les fondatrices du festival BleuBleu ont notifié que l’un des piliers d’une carrière musicale durable est d’avoir auprès de soi une équipe structurée, efficace et réactive. Le manque de main d’œuvre dans l’industrie accentue les difficultés logistiques ou administratives.
Table ronde : Jouer comme une fille
Rédigé par Marie Desmeules-Caron
Animée par Émilie Rioux (CHYZ FM), avec Caro Dupont, Valéry Saint-Gelais et Ariane Roy.
Le Phoque Off, c’est aussi une opportunité de parler d’enjeux sociaux comme la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie musicale.
« Wahou tu joues super bien pour une fille! » – « C’est drôle de voir une femme jouer de la contrebasse. » Quelle femme de talent n’a pas déjà été confrontée à ce genre de remarques?
C’est durant la Table ronde – Jouer comme une fille; qu’Ariane Roy, Caro Dupont, Valéry St-Gelais et Émilie Rioux (animatrice) ont pu partager la réalité d’être une femme dans un milieu artistique majoritairement masculin.
Ariane Roy parle des attentes plus élevées à l’égard des femmes. Celles-ci ont moins droit à l’erreur. Elle ajoute :
« Moins s’excuser c’est le combat d’une vie. Car oui s’incarner c’est pas si banal, surtout quand on est une femme. »
Les femmes artistes ont par exemple moins la confiance des techniciens son et doivent donc être plus affirmées, ou bien avoir leur propre équipe.
Caro Dupont ajoute : « l’ignorance sociale et l’ignorance culturelle sont un fléau. » (i.e par rapport aux instruments eux-mêmes ou la musique en général)
La maternité semble aussi être un problème : par peur de se faire injustement remplacer ou perdre une certaine place, on apprend que 70% des femmes artistes renoncent à la maternité.
Alors que faire, de la médiation dès le plus jeune âge? Si la solidarité féminine permet aux femmes d’effectuer des démarches d’actions directes et de se mentorer entre elles, il en vient aussi aux hommes d’avoir leur part de responsabilité dans cet enjeu. Par exemple, prendre conscience dans leurs réflexes de recrutement, donner la chance aux femmes de montrer leur talent au même titre que les hommes. La médiocrité ne discrimine pas, mais le talent non plus.
Balado – Le répondeur de l’industrie musicale :
Animée par Patrick Labbé, avec avec Julien Manaud de Lisbon Lux Records, Ariane Côté-Normandeau des Éditions Outloud, Marie-Laurence Asselin de Fair Enough Publishing et Samuel Matteau, réalisateur et cinéaste de la ville de Québec.
Cette édition spéciale avec un public traitait de la synchronisation musicale et l’intégration de musique dans l’audiovisuel (films, séries, jeux vidéo…).
Les différents intermédiaires du milieu de l’édition demeurent peu connus, de fait la réputation du secteur s’en voit entachée d’une image inaccessible. Grâce à des initiatives comme celles de l’APEM, les professionnel.le.s accèdent aujourd’hui à des formations et des discussions leur permettant plus facilement de se projeter ; que ce soit pour échanger avec les éditeurs.trices ou pour le devenir.
Un des enjeux principaux qui est ressorti de ce balado, est bien évidemment le manque crucial d’intégration d’oeuvres québécoises dans des productions locales.
Il y a souvent un enjeu financier dans les productions, et ce dernier est souvent un frein pour les réalisateurs.trices, cependant la SODEC a récemment libéré une enveloppe destinée à soutenir l’intégration de musique locale dans les oeuvres audiovisuelles. À titre d’exemple, au Québec c’est environ 2 à 4 % du budget d’un film qui est réservé à la musique, contre 15% aux États-Unis.
Une semaine articulée autour d’un constat clair : notre industrie est toujours plus soudée et déterminée à mettre en valeur ses talents, à transmettre des connaissances et à nourrir des échanges sur une base continuelle. Toujours avec professionnalisme et une vision globale (qui se traduit par la diversité des savoirs des invité.e.s aux discussions), les questionnements semblent petit à petit trouver des solutions et au cœur de ceux-ci, demeure la priorité de toujours pérenniser les carrières artistiques.
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