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Écrit par 21 h 57 min À la une, Légal et Edition

Nouvelles rémunérations pour les artistes? Universal explore

Il se pourrait que de nouveaux modèles de rémunération pour les droits d’auteurs des artistes soient mis en place pour les plateformes de streaming.

Le PDG et président du CA du groupe Universal Lucian Grainge, a récemment dénoncé le modèle présentement en vogue pour la rémunération des artistes sur les plateformes de streaming telles que Spotify ou Apple Music; connues pour être des systèmes fonctionnant au prorata.

Il nomme explicitement trois cibles qui sont pour lui celles qui profitent le plus injustement de ce système, pour plusieurs raisons :

Premièrement, il vise à réguler les « fermes de streaming » (streaming farms) : considérées comme le marché noir actuel de la musique,  ces dernières sont en fait des personnes utilisant des méthodes illicites consistant à gonfler le nombre de streams (écoutes) par artiste.

NDLR : le nom streaming farm serait-il une référence au farming dans les jeux vidéo?

Dans un second temps, il est question de se pencher sur les faux artistes. Oui, oui, il a été recensé un nombre astronomique de faux artistes sur la plateforme. Des artistes de ‘fiction’ ou de ‘collaboration’ intégrés à des playlist officielles Spotify. Décrites par le PDG d’Universal comme de la « musique dépourvue de contexte artistique sensé », l’existence de cette pratique s’explique par le caractère peu coûteux de l’importation de ces musiques via ces faux noms.

Lire aussi : Une épidémie de faux artistes fait scandale chez Spotify (EN)

Finalement, la dernière cible de cette réflexion se trouve être la musique dite « fonctionnelle ».

C’est quoi? Vous avez déjà forcément aperçu des playlists (les premiers succès s’étant construits sur des chaînes Youtube en live 24h/24h) pour se détendre, étudier, se concentrer…

C’est de cela dont on parle, certaines de ces chansons, durent moins d’une minute (environ 30 secondes, un spot publicitaire en somme). Grainge nous précise que « la brièveté de ces contenus est délibérément conçue pour générer un maximum de royalties à la suite et à la fois. »

Quelle(s) alternative(s) à ce modèle ?

Que souhaite-t-il donc mettre en place face à ce modèle de rémunération présent? Le but étant de favoriser les artistes d’où qu’ils/elles proviennent, et maximiser leurs revenus.

Cinq propositions sont à l’ordre du jour, essayons de les définir brièvement :

  • Le modèle d’engagement actif

i.e recenser le nombre de likes, recherches, ajouts dans les playlists, préventes ou précommandes d’EP/albums… Les écoutes poussées et recommandées par les algorithmes mèneraient de fait à une rémunération moins élevée.

  • Le modèle au Prorata temporis

Proportionnel au temps écoulé donc : tout morceau plus long se verra mieux rémunéré par rapport à des morceaux trop courts. Une méthode proposée consisterait à fixer une part de redevance pour les 30 premières secondes, et de nouveaux paiements déclenchés à chaque intervalle de 5min écoulés sur le même morceau.

  • Le modèle basé sur ‘l’artiste grandissant’

Le but ici est de favoriser les labels indépendants, les talents émergents et les styles plus niches, moins mainstream. Plus l’artiste génère d’écoutes (et donc de la richesse), moins la valeur de chaque écoute future sera importante.

  • Le modèle basé sur le ‘choix de l’utilisateur’

Ici, le but est de faciliter les services auprès des ayants-droits, afin que ces derniers puissent plus facilement développer des revenus croissants via leur relation directe avec les auditeurs.trices fans.

  • Autre chose…

Ce dernier modèle semble plutôt reposer sur un système désormais bien connu des utilisateurs.trices de contenu digital. À la manière de Prime Video, il s’agirait de payer un abonnement mensuel comme c’est déjà le cas, mais de rajouter quelques dollars afin d’accéder à la totalité du contenu de son/ses artistes favori.te.s (dont les clips ou certains albums entiers).

Cela semble être le modèle le plus enclin à être choisi, étant donné qu’il va de paire avec une augmentation des mensualités pour ce type de plateforme qui semble inévitable cette année.

L’aspect facilement corruptible du système de prorata touche donc à sa fin, pourtant aux mains d’une industrie toujours tiraillée entre les gros groupes et les indépendants. Quelle sera la suite?

 Les défis à relever semblent de prioriser la qualité sur la quantité. Or si l’on maintient ce système de prorata, la redistribution des parts du marché restera inégale, creusant des fossés de plus en plus grandissants. Le PDG d’Universal semble incarner à ce jour une voix raisonnée : il est grand temps que se mette en place un bouleversement.